Malgré les efforts pour moderniser et rendre plus flexible le secteur bancaire, de nombreux Sénégalais restent réticents à confier leurs finances à ces établissements financiers. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, notamment les coûts élevés des services et produits bancaires, et un manque de communication et de transparence perçu par les clients.
Une relation client de plus en plus dégradée
Les tarifs appliqués par les banques au Sénégal sont un facteur de méfiance. Les frais de gestion de compte, les commissions sur les transactions, les frais liés à la tenue de compte, et les taux d’interet sont souvent jugés excessifs par certains clients. Pour de nombreux Sénégalais, ces coûts représentent une barrière à l’accès aux services bancaires. Ce qui contribue à maintenir un faible taux de bancarisation dans le pays, où une grande partie de la population préfère encore gérer son argent en dehors des circuits bancaires, ou s’adonner aux services des institutions de microfinance.
Le manque de transparence de certaines banques en matière de communication et d’information est une autre cause de défiance. Les clients se plaignent souvent de ne pas recevoir des informations claires sur les conditions de leurs comptes ou sur les frais associés aux services qu’ils utilisent. Cette opacité alimente le sentiment que les banques ne jouent pas franc jeu et qu’elles exploitent l’ignorance des consommateurs en matière financière.
Formalités contraignantes : un obstacle supplémentaire à la bancarisation et à l’inclusion financière
Les formalités administratives imposées par les banques constituent un autre frein majeur à la bancarisation au Sénégal. Pour ouvrir un compte dans certaines banques de la place, les clients doivent souvent fournir une multitude de documents : pièces d’identité, justificatifs de domicile, preuves de revenus etc. Ces exigences, qui peuvent sembler complexes et intimidantes, dissuadent de nombreux Sénégalais de franchir le pas vers l’inclusion financière. Par ailleurs, les procédures longues découragent ceux qui recherchent une gestion simple et rapide de leurs finances.
Le faible taux de bancarisation au Sénégal, estimé à environ 20%, reflète une défiance généralisée envers les institutions financières. Plusieurs facteurs structurels expliquent cette situation. Tout d’abord, la faible pénétration des établissements bancaires dans les zones rurales limite l’accès aux services bancaires pour une grande partie de la population. Ensuite, la prédominance de l’économie informelle réduit la nécessité pour beaucoup de Sénégalais à la bancarisation.
De plus, l’éducation financière reste limitée, ce qui empêche une bonne compréhension des produits bancaires et des avantages potentiels d’un compte en banque. Enfin, la tradition de gestion informelle des finances personnelles, notamment à travers les tontines (associations d’épargne et de crédit rotatif), reste fortement ancrée dans la culture sénégalaise, offrant une alternative de confiance face aux institutions bancaires.